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Titre du blog : qi-gong, tai-chi-chuan, énergie, santé, St-Flour
Auteur : jeanclaudeROC
Date de création : 02-12-2012
 
posté le 09-12-2012 à 10:26:15

Bouscatel, le roman d'un cabretaïre

Le roman  

 André Ricros avec la collaboration d’Eric Montbel, Bouscatel : Le Roman d’un cabretaïre. Vie des cabretaïres d’Auvergne créateurs des bals-musettes de Paris, 2012, 450 pages et cd de 30 mn.

Qui mieux qu’André Ricros (musicien-chanteur-chercheur, auteur de nombreux ouvrages, articles et disques, directeur de l’Agence des musiques des territoires d’Auvergne) avec ses talents de conteur -à travers les phrases du témoin principal qu’est Jean Bergheaud (né à Paris de parents originaires d’Anglards-de-Salers et cabretaïre à Paris en 1925), de divers autres informateurs et de ses propres souvenirs au cours d’une vie entière passée à jouer de la cabrette, à compiler les témoignages, les documents, les instruments et à rencontrer tous les acteurs de l’histoire de la cabrette, tant en Auvergne qu’à Paris-, pouvait mener à bien la première partie de cet ouvrage ?

Elle s’étale sur 195 pages et raconte l’histoire romancée d’Antoine Bouscatel (Cornezière de Lascelle, 1867 - Paris, 1945) qui va devenir le Roi des cabretaïres de la Colonie auvergnate de Paris. Bouscatel, enfant sans père, effectue un bref passage à l’école communale puis il va garder les vaches à Boussac. Là il se fabrique son premier instrument d’apprentissage, en sureau. A quatorze ans, c’est le départ pour le trimard en temps qu’apprenti chaudronnier, sous la coupe de son grand-oncle maître Berruyer qui va le faire jouer dans les auberges en oubliant toutefois de lui reverser le salaire mérité, ramassé auprès des danseurs. Bouscatel joue sur une cabrette que lui a donnée le père Bonhomme, aubergiste-cabretaïre à Boussac. Après deux ans de trimard, il parvient non sans mal à convaincre son parent de lui verser la moitié des gains amassés en jouant les bals. A vingt-trois ans, l’habile chaudronnier réside dans un petit meublé du quartier de La Bastille avec Marie Cancros, originaire du Lot et fille du garde-barrière de Polminhac qu’il a épousée. En plus de son métier, Bouscatel joue les bals, d’abord chez le père Succaud, rue Saval. Puis, avec le pécule amassé, il ouvre un bal rue de Lappe : Le Chalet. C’est alors qu’il rencontre le maître cabretaïre Gabriel Ranvier dont il va devenir l’élève et l’ami fidèle. L’argent est au rendez-vous, ce qui lui permet d’ouvrir un établissement plus important : le bal Bousca où il joue parfois jusqu’à deux voire quatre heures du matin. Devenu Roi des cabretaïres, il a abandonné depuis longtemps son activité de chaudronnier. Le décès de son ami Ranvier le laisse orphelin. Avant sa disparition, par tradition de maître à élève, Ranvier lui a passé sa cabrette, une anche spéciale et deux formules à réciter tout en effectuant une gestuelle. A charge pour Bouscatel de réaliser à son tour la passation. Bouscatel joue au Bousca avec l’accordéoniste Charles Péguri dès 1905 et c’est une grande première que de voir et d’entendre les deux instruments sonner de concert. L’accordéoniste italien finira par épouser Henriette, la fille de Bouscatel. La jeunesse étant partie à la guerre, le Petit Bousca ferme sa porte et, pour survivre, Bouscatel doit reprendre son métier de chaudronnier. En 1925, Bouscatel rencontre Jean Bergheaud (Paris, 1908 - Salers, 1979) dans l’atelier de Dufayet, facteur de cabrettes installé passage Thiéré. Bergheaud va devenir son élève préféré et à terme le récipiendaire des deux formules et de la cabrette la Novia. C’est aussi le témoin direct qui va raconter son histoire et celle de Bouscatel, à Eric Montbel en 1976, alors qu’il est à la retraite et habite Nemours ; puis lorsqu’il devient pensionnaire de l’hospice à Salers, à André Ricros. Les frasques de la vie parisienne de Bouscatel avec un ami cabretaïre-souteneur, ses désillusions face à ses deux fils incapables de reprendre son affaire et sa longue aventure avec Mélanie lors des cures d’été à Vic-sur-Cère nous sont relatées par le menu et nous entraînent dans le Paris coquin de l’entre-deux guerres.

La seconde partie, Vies de cabretaïres parisiens, inventeurs du bal-musette est écrite en collaboration avec Eric Montbel (musicien-chercheur, auteur de nombreux ouvrages, articles et disques, créateur du Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes (CMTRA). Docteur en ethnomusicologie, thèse de doctorat de l'Université de Nice-Sophia Antipolis soutenue en décembre 2010, «Les cornemuses à miroirs du Limousin, XVIIe-XXe siècle, Histoire, sémiologie, anthropologie musicale». Eric enseigne l'ethnomusicologie et l'anthropologie musicale à l'Université de Provence à Aix). Elle se subdivise en trois tranches. Les seigneurs de la nuit. Cette première tranche narre l’histoire de neuf grands cabretaïres, patrons de bals-musette à Paris que furent Gabriel Ranvier, Léon Chanal, Jean Bonal, Jean-Marie Valadier, Louis Clavières, Isidore Limouzy, Henri Momboisse, Martin Cayla, Alexis Thérizols. Dans ce Paris nocturne où parfois les différends se règlent à coups de poings, de couteaux mais aussi de fusil, tous vont connaître une ascension finalement rapide et une période de stabilité financière, en revanche presque tous à l’exception de Cayla et Momboisse achèveront leur vie dans la misère. Les grands témoins. Henriette Péguri-Bouscatel, Eugénie Delerme, Guillaume Malbert et Jean Bergheaud ont tous connu Bouscatel et la vie parisienne ; et pour Eugénie Delerme, une nièce de Bouscatel, les différents retours de ce dernier dans le Cantal. Les derniers aristocrates de la cabrette. Victor Allard, Jean-Bergheaud, Marcel Bernard.

Quelques pages qui n’intéresserons que les spécialistes sont consacrées à l’analyse musicale du jeu de Bouscatel et sont suivies d’une discographie exhaustive du roi des cabretaïres, d’une bibliographie et d’une filmographie et vidéographie.

Un ouvrage de 450 pages écrit par des spécialistes, à ne pas rater tant les livres sur le sujet sont rares. Il ravira également les néophytes pour l’atmosphère de la vie parisienne du dernier quart du XIXe siècle, qu’ont vécue les émigrants cantaliens et aveyronnais dans le Paris des porteurs d’eau, des cireurs de parquets et plus particulièrement des commerces : café-bois-charbon et bal-musette. L’ensemble est richement illustré par une abondance de clichés concernant les cabretaïres, les bals-musettes et des documents familiaux des acteurs présentés.

L’ouvrage contient également un cd de trente minutes avec des morceaux joués par Bouscatel, Chanal, Limouzy, Bonal, Morzières, Thérizols, Cayla, Sébrier, Cros, Berghaud, Allard, Bernard, Ladonne et Joseph Ruols.

 

 

 

 

 

 

cantal insolite

  Une femme-loup, un bras qui soigne la folie, un corbillard philosophe, une chapelle creusée dans un rocher ou dédiée au devoir de mémoire, d’étranges quilles de cheminées, un puits miraculeux puis maudit, une statue vénérée à Murat et à Chicago… le Cantal n’est pas avare en curiosités ! Par le biais de l’insolite, nous voici invités à pénétrer au cœur d’une Haute-Auvergne secrète, sauvage et mystérieuse, loin des sentiers balisés et des attractions rebattues. Une façon intimiste d’apprendre à connaître ce pays tout en montagnes et en recoins, rétif au regard superficiel et qui ne se livre qu’à ceux qui l’aiment. Auteurs d’une dizaine d’ouvrages consacrés au patrimoine auvergnat, tant prospecteurs de terrain que fouilleurs d’archives, Pierre et Pascale Moulier ont arpenté avec passion les montagnes, les villages et les moindres hameaux du département. Ils nous livrent ici un florilège de leurs plus belles découvertes.
Pierre Moulier est professeur de philosophie et dirige la revue «Patrimoine en Haute- Auvergne», véritable encyclopédie évolutive du département. Pascale Moulier est archiviste du diocèse de Saint-Flour et spécialiste de la peinture religieuse.